Change comptant

Valeur de la monnaie

Avant d'aller plus loin, un peu de culture générale ! Savez-vous ce qu'est une monnaie ? Quelles sont ses fonctions ? Comment détermine-t-on sa valeur ? D'après vous, le Bitcoin est-il une monnaie ?

Qu'est-ce qu'une monnaie ?

Dans sa plus simple définition, la monnaie est un instrument de paiement. Elle peut prendre différentes formes : coquillage, sel, métal, papier et permet de faciliter les échanges.

Sans monnaie nous en serions réduits à recourir au troc.

Ainsi pour acheter notre baguette, nous devrions disposer d'un bien qui serait accepté par notre boulanger en échange de cette baguette !

Comme la monnaie est généralement émise par l'autorité souveraine d'un pays (de nos jours, la banque centrale), il existe à peu près autant de monnaies que de pays.

Avant d'expliquer comment se forme le cours d'une monnaie, commençons par rappeler quelles sont ses fonctions :

  • c'est une réserve de valeur, la monnaie permet par exemple de conserver les revenus d'une vente pour procéder à un achat ultérieur,
  • c'est une unité de compte, la monnaie permet de fixer la valeur de tous les biens et services et de les comparer,
  • c'est un intermédiaire dans les échanges, la monnaie permet à quiconque d'acheter une marchandise (ou un service) et non plus d'échanger une marchandise contre une autre (troc).

Ces 3 fonctions ont été définies dès le quatrième siècle avant notre ère par le philosophe grec Aristote.

Lorsque l'une de ces trois fonctions n'est pas remplie, on ne peut pas parler de véritable monnaie.

Le Bitcoin (BTC), peut-il être considéré comme une monnaie ?

Bitcoin

Le Bitcoin, de l'anglais bit (unité d'information binaire) et coin (pièce de monnaie) est une monnaie cryptographique. On parle également de cryptomonnaie ou de cybermonnaie. Le Bitcoin a été conçu par Satoshi Nakamoto, développeur (ou groupe de développeurs) anonyme qui a mis au point un logiciel assurant le fonctionnement du système.

Le Bitcoin fonctionne en dehors de toute autorité centrale (État, banque ou entreprise) et utilise la technologie peer to peer (de pair à pair). La création de la monnaie et les transactions sont prises en charge de façon collective et automatique. L'intégrité du système repose sur l'utilisation de procédés cryptographiques complexes (d'où le nom générique donné à ce type de monnaie : cryptomonnaie).

Le Bitcoin permet de réaliser des paiements de façon anonyme mais uniquement en faveur d'organismes, de marchands ou de particuliers qui l'acceptent. De ce fait, le Bitcoin n'est pas une véritable monnaie car il n'en remplit pas toutes les fonctions (voir plus haut) et notamment il ne possède pas de pouvoir libératoire car il n'est pas possible de l'imposer comme moyen de paiement en dehors de la communauté qui l'accepte.

Par ailleurs, le rôle que pourrait jouer le Bitcoin reste limité par le montant maximum d'émission qui est plafonné à 21 millions d'unités par construction (montant prévu à l'avance dans le logiciel).

De plus la volatilité du Bitcoin est telle (1 BTC = 4,15 Euros en février 2011, 860 en décembre 2013, 73 en février 2014, 69 000 en novembre 2021, 19 000 en juin 2022) qu'il est difficile pour les différents acteurs économiques de considérer cette devise comme monnaie légale. Il suffit de consulter l'historique des cours pour avoir un aperçu des variations relativement importantes.

Comment est déterminé le prix d'une monnaie ?

Qui dit achat ou vente, dit prix. Pour les devises on parle également de cours, de cotation, de parité ou de taux de change.

Mais comment ce prix est-il fixé ?

Cela dépend d'abord du régime de change.

  • dans un système de taux de change fixe, le cours de la monnaie est fixé par les autorités du pays. Le cours ne doit varier que dans des proportions très faibles et lorsque les variations sont jugées trop importantes, les autorités interviennent pour ramener le cours au plus proche de la valeur officielle.
  • dans un système de taux de change flottant, le cours de la monnaie est fixé en fonction de la loi de l'offre et de la demande sur le marché des changes. Les autorités d'un pays ne sont pas obligées d'intervenir (mais elles peuvent le faire si elles estiment que la valeur du cours s'écarte trop de la valeur qu'elles estiment juste).

Quel que soit le régime en vigueur dans tel ou tel pays, qu'est-ce qui fait que la monnaie de ce pays s'apprécie ou se déprécie ?

Les principaux facteurs qui influencent les cours sont les suivants :

  • les taux d'intérêt : plus ils sont élevés par rapport à d'autres pays, plus ils rendent les placements attractifs et attirent les investisseurs qui vont donc acheter de la monnaie ce qui aura pour effet de faire monter son cours.
  • la balance des paiements : si elle est déficitaire (importations supérieures aux exportations) il y aura besoin de devises au détriment de la monnaie nationale ce qui va affaiblir cette dernière. Une balance des paiements excédentaire produit bien entendu les effets inverses.
  • le rythme de croissance : s'il est régulier et soutenu, les sociétés étrangères vont être attirées et acquérir de la monnaie pour procéder à des investissements locaux ce qui va entraîner une hausse de la monnaie.
  • Le taux d'inflation : d'après la théorie de la Parité du Pouvoir d'Achat (voir plus bas), le cours de change d'une monnaie contre une autre est fonction du différentiel d'inflation entre les pays où ces monnaies sont en vigueur. Si le taux d'inflation est plus élevé dans le pays A que dans le pays B, le cours de la devise du pays A doit s'affaiblir par rapport à la devise du pays B.

Finalement, 2 théories sont généralement évoquées pour expliquer la valeur d'une monnaie :

  • la Parité du Pouvoir d'Achat (PPA),
  • la Parité des Taux d'Intérêts Non Couverte (PTINC).

La Parité du Pouvoir d'Achat

Proposée dès 1918 par l'économiste suédois (Karl) Gustav CASSEL (1866 - 1945), la Parité de Pouvoir d'Achat, sous sa forme absolue, pose l'existence d'un taux de change d'équilibre entre deux monnaies qui assure l'égalité des pouvoirs d'achat entre les pays concernés.

Exemple :

Si le cours EUR/GBP vaut 0,85 (1 EUR = 0,85 GBP) et qu'il respecte la Parité du Pouvoir d'Achat, un consommateur français peut acquérir avec 100 Euro le même panier de biens que le consommateur anglais avec 85 Livres Sterling.

Cette théorie a été reprise en 1986 sous le nom de Index Big Mac. Elle part du principe qu'un Big Mac pouvant être acheté partout dans le monde et ayant les mêmes ingrédients, c'est un bon indicateur permettant de comparer le pouvoir d'achat et d'en déduire la valeur des monnaies entre elles.

Parité du Pouvoir d'Achat
Parité du Pouvoir d'Achat

Bien évidemment, cette dernière théorie a ses limites, ce que reconnait bien volontiers le journal The Economist qui publie à intervalles réguliers cet index.

En résumé, selon la théorie de la PPA, le taux de change de deux devises est lié au pouvoir d'achat respectif de ces deux devises et il évolue en fonction de la différence des taux d'inflation entre les deux pays où ces devises sont utilisées.

Parité des taux d'intérêts non couverte

Cette théorie a été conceptualisée par Keynesi en 1923.

Elle stipule que les cours de change des devises tendent à s'ajuster en fonction des taux d'intérêt qui prévalent dans chaque pays (sur des placements strictement équivalents) et en tenant compte de l'appréciation ou de la dépréciation de la monnaie locale.

En effet, les investisseurs auront logiquement tendance à placer leurs capitaux sur les marchés les plus rémunérateurs. Ils feront donc l'acquisition des devises les plus rémunératrices ce qui entraînera logiquement des variations de change.

Par exemple, si les taux d’intérêt américains sont supérieurs aux taux d'intérêts français, la demande en Dollars US va augmenter, de même que l’offre en Euro, ce qui entraîne une appréciation du Dollar US (hausse de sa valeur) et par opposition une dépréciation de l'Euro (baisse de sa valeur).

Quand la théorie des taux d'intérêts non couverte est satisfaite, il n'existe alors plus aucune opportunité de passer d'un marché à un autre pour réaliser un profit.

Cette théorie sera également évoquée quand nous aborderons le principe du change à terme.